On est le 7 février 2019. Des manifestations ont lieu un peu partout sur le territoire national. En guise de revendications: procès pétrocaribe et de meilleures conditions de vie. D’un moment à un autre tout peut basculer.
Je n’avais jamais autant peur pour Haïti. Et ce qui est le plus effrayant c’est notre calme devant l’apocalypse qui se dessine.
La gourde est en chute libre par rapport au dollar US où ça fluctue entre 82 et 85 gourdes pour un dollars; voire plus pour un montant avoisinant mille dollars ou plus. Ce qui envenime la plaie est que NOUS SOMMES DÉPENDANTS DE L’IMPORTATION, donc notre survie est conditionnée par l’importation. Si vrai que les plus fortes rentrées de l’Etat proviennent de la douane. Des entreprises commencent à fermer leurs portes, dépassées par la flambée des prix.
Ce qui entraîne la chute du pouvoir d’achat, parce que la monnaie est l’expression de ce qu’un pays offre comme produits et services pour générer des transactions. Or nous sommes un pays avec plus de 70% de chômage ,59% sont dans l’extrême pauvreté et une balance commerciale au rouge année après année.
Pendant ce temps, des ruptures de stock en produits pétroliers viennent chauffer les esprits de temps en temps. Or la rareté d’essence fait grimper le prix du produit et par ricochet celui des courses en transport en commun; et le transport, secteur transversal, exacerbe les prix des produits sur le marché.
En plus, depuis le 14 août 2018 des pétrochallengers exigent un procès équitable que ce pouvoir a du mal à délivrer; en même temps l’opposition crie à la démission. Le rapport de la CSC/CA le 31 janvier 2019 dévoile des irrégularités graves dans des marchés passés et aussi dans la réalisation des projets pour la plupart inachevés ou simplement invisibles. Toutefois aucun acte sévère n’est encore posé pour poursuivre les contrevenants ou blanchir les innocents.
Le président est devenu tristement célèbre pour des promesses non tenues; notamment le courant 24/24; de la nourriture dans les bols, de l’argent dans les poches… Menteur comme Jovenel est un juron qui traduit tout. Le verbe à la mode sur les réseaux sociaux ces jours-ci est « bananer: tromper des gens qu’on croit plus bêtes qu’ils ne le sont. »
L’opposition, comme d’habitude, ne propose pratiquement que de partager le gâteau national.
La frange du secteur privé qui a catapulté Jovenel Moïse au pouvoir ne veut qu’une chose: récupérer son investissement, capital et intérêt; quitte à mettre le palais national à feu et à sang. Ses concurrents, quant à eux, qui sont insatisfaits de ne pas avoir la part du loup; veulent gâcher la fête à tout prix.
Les violons ne s’accordent pas entre le palais national et la primature. Le dialogue national est biaisé de tohu-bohus claniques. L’état d’urgence économique, les 11 mesures folkloriques au goût de bouillon réchauffé; n’empêchent ni le carnaval à 2.5 millions USD; non plus les demi-millions à tous les députés et millions aux sénateurs, sauf Patrice Dumont et Antonio Cherami.
Et le peuple, affamé, déboussolé, manipulé, dépourvu de tout; sombre de plus en plus dans le chaos.
Le pays est pareil à un malade qui attend une mort certaine;. Sauf qu’elle doit simplement choisir entre la peste et le choléra.
Et beaucoup d’entre nous ressemblent à une bande de vacanciers sur une plage où on annonce un épouvantable tsunami; buvant, dansant au rythme du carnaval, fredonnant TOUT VA BIEN MADAME LA MARQUISE.
Junior MESAMOURS