On est à la porte de l’Été, ce qui nous ramène les souvenirs de ce que bon nombre d’Haïtiens de plus de 20 ans peuvent appeler le bon vieux temps par rapport au contexte actuel. Bonjour les plages sous le soleil, les fêtes champêtres, les motifs subtiles des congés des haïtiens d’outre mer, les championnats de quartiers, les sources et les rivières aimantent les jeunes étudiants qui font la descente chez un proche parent. Ce n’est plus le temps de se laver avec un seau d’eau, mais de plonger pour se ressourcer. C’était il y a ….
Jeune Haïti a été recueillir les impressions des jeunes, catégorie la plus touchée par ce changement plutôt soudain.
Stress, manque de loisirs, et insécurité, constituent un lot pour nous arracher ce moment important du calendrier haïtien, à en croire des jeunes que nous avons rencontré(e)s au sujet de cet article. Fedner Jean est étudiant en médecine à l’Université Lumière de la Mission MEBSH. Jusqu’à 2015, il avait l’habitude de se rendre à la campagne auprès de sa grand-mère, question d’oublier un peu ses nuits sans sommeil au moment de préparer les examens, mais aussi de prendre congé des livres et du fantôme des professeurs de l’école classique. « Mais, explique-t-il, maintenant c’est plus le cas. L’université, vous savez, c’est plus difficile avec les examens de reprises qui sont organisés avant l’ouverture de la nouvelle session qui commence généralement au mois d’octobre. En plus, il y a le problème des bandes armées qui s’offrent la route nationale N°2 depuis pratiquement un an, et la numéro 2 depuis plus plusieurs mois.
Comme Fedner, Steeven Cadéus, jeune professeur de français dans plusieurs institutions scolaires à Delmas, se voit éloigné de ces vacances qui ont bercé son enfance et ne compte pas prendre trop de risques. » Je connais des professeurs qui ont été remplacés parce qu’ils ont été voir un proche ou passer un moment en famille et qu’au moment de retourner dans la capitale les routes étaient bloquées, les cas d’enlèvement se sont multipliés. Ils ont dû rester chez eux pendant plusieurs mois », a déclaré le jeune enseignant qui dit garder en mémoire ce temps qui ne reviendra, peut-être, plus.
La demi mesure plutôt que rien
Malgré tout, « Lakay se lakay ». Voilà qui est évident pour nos compatriotes de la diaspora. Situation oblige, quand on vient en Haïti on préfère ne pas en parler avec ses frères ou tout autres proches qui n’hésitent pas une seconde à vous rappeler les risques que vous encourez. Il y a les chefs de gangs qui ont déjà fait des commandes d’armes et de munitions en prévision au rançon que vous allez payer. Et une fois arrivé, si vous ne vous faites pas kidnapper par les malfrats, vous serez prisonnier de la peur que vous allez expérimenter tout autour de vous. Mais bon, Haïti, votre mère vous appelle. Saut-d’Eau, Saint Jacques à la Grande Rivière du Nord, Gélée dans le département du Sud, sont entre autres des rendez-vous qui vous programment. Et vraiment, « Se pa lè pou n ka blan ». Les messages des internautes haïtiens sont nombreux à appeler à une bonne gestion du pays pouvant leur permettre de regagner paisiblement leur pays.
Cette tradition nous manque à tous. Sans doute même à ceux qui ont de loin ou de près travaillé à sa décadence. La grande question reste de savoir ce que ça va continuer à entraîner si rien n’est fait.
Nb: Nous n’utilisons que des noms d’emprunt
