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Saint-Jude: Le nouveau Cauchemar des jeunes écoliers et universitaires

Déjà plus d’un an que Carrefour s' éloigne du centre ville de Port -au- Prince avec les bandes armées qui occupent activement la route de Martissant depuis pratiquement le 1er juin 2021. Ce qui rend plus long et plus coûteux tout départ vers le Sud de la capitale. Et morne Saint-Jude, bien que plus sûr, reste un cauchemar pour les gens , notamment les jeunes écolières-ers et étudiant-e-s qui évitent la vallée de la mort.

Le 1er juin dernier marquait un an depuis que la route de Martissant était tombée sous le contrôle des gangs. Après la fiesta d’anniversaire que les bandes à Izo,  Ti Lapli et Krisla avaient organisée, les combats de gangs est de retour pour la plus belle. Des morts,  des blessés tant du côté des bandits que de la population civile, véritable prisonnière de cette terreur.  Pour éviter de frôler la mort dans les zones de guerre,  femmes, enfants, jeunes et hommes de toutes les catégories, du centre ville de Port-au-Prince, doivent emprunter la route de Saint-Jude en passant par « Ti Kajou » pour gagner la zone de Fontamara 43, inversement. Sous les yeux des autorités haïtiennes. Sauf que ces dirigeants eux-memes n’ont pas à prendre ce risque. 

 » Plen fason pou yo manje manyòk anmè », voilà qui peut exprimer la passivité,  l’adaptation ou encore la résistance du peuple haïtien,  assiégé depuis plus d’un an.

On est le 2 juin 2022,  et  Jeune Haïti a fait l’expérience de la traversée Port -au- Prince – Fontamara. Ce qui devrait coûter moins que 50 gourdes pouvait aller jusqu’à 400 gourdes. Mais comme tout jeune étudiant du centre ville qui ne peut oser se payer un tel lux, nous avons le parcours ordinaire.  Cache-nez,  un maillot enroulé autour de la tête,  lunettes, tout ce qui peut nous protéger. Une camionnette à la rue Monseigneur Guilloux,  au Sud-Est du Stade Silvio Cantor,  direction « Ti Kajou ». 75 gourdes,  déjà 150% du coût ordinaire du circuit Portail – carrefour.  Sous les poussières qui colorent les visages des passagers dont la grande majorité constituée de commerçantes, se dessine une fatigue qui semble être secondée par une croissante inquiétude. Pas un mot, seulement des assoupissement et des sentiments de pitié l’un pour l’autre qu’expriment les regards sous les lunettes de soleil. Qui sait? Toute zone est contrôlée,  on ne risque pas! Après avoir grimpé un morne pendant environ une quinzaine de minutes,  on est enfin arrivé à « Ti Kajou ».

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Et le trajet continue (phase 2)

Celles et ceux qui le peuvent, ont opté pour un taxi ( Moto). Combien sont ceux qui vont pouvoir payer les 250 ou 200 gourdes exigées par les motards, malgré la terreur qu’inspire le reste de ce trajet?  Le plus facile c’est de marcher jusqu’à un point où vous pouvez réduire les frais. Pour ce faire, nous avons descendu le morne. 10 minutes environ,  pour les plus habiles, mais cauchemardesque pour les personnes qui en font l’expérience pour la première fois.

Et puis vient le moment de prendre soit une autre camionnette,  soit un taxi (moto) pour gagner la nouvelle station de Fontamara 43. Encore un autre billet de 50 gourdes qui est évaporé du portefeuille de ces malheureux qui peinent à gagner leur quotidien. 5 minutes plus tard,  après au moins deux contrôles par les mecs qui gardent la zone,  on arrive à la station. C’est déjà un « ouf » de soulagement. Entre temps Martissant continue à faire des mort, a-t-on appris. C’est le parcours des élèves et étudiant-e-s qui doivent faire un aller – retour chaque jour pendant au moins 5 fois par semaine. Physiquement, mentalement et surtout économiquement,  ça en dit beaucoup. 

Dur, trop coûteux pour les petites poches, dangereux pour les femmes enceintes,  les vieillards et les nouveaux-nés ? Et oui,  c’est vrai.  Mais c’est beaucoup mieux que de courir le risque de se faire tirer dessus à n’importe quel moment, comme en témoigne,  à notre retour,  un jeune homme qui se dit père de deux filles: » Monchè m pa gen pwoblèm ak mòn nan non. M fè l trè souvan. Pito yon moun pase la mil fwa pase pou w al pran chans nan va a ( en référence à Martissant). » Et l’État s’ en fiche complètement. 

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Jeff THES
Jeff THES
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