La précarité du système éducatif haïtien semble avoir donné tort à la dernière grande décision des autorités du pays qui ont beau cherché à rattraper ce que certaines personnes auraient considéré comme le train de modernisation du domaine enseignement – apprentissage. Nombreux sont celles et ceux qui critiquent encore le choix du ministère de l’éducation nationale de supprimer les tests officiels pour les classes de sixième et rhéto, et la généralisation du Nouveau Secondaires qui selon eux sont à la base d’une dégradation de niveau d’éducation. Cette année, le titulaire du MENFP et son administration ont annoncé d’autres mesures certaines les plus radicales que les autres, dont la question du livre unique et les cours qui doivent être dispensés en créole pour les premiers niveaux de la fondamentale. Si tout va bien pour le staff du ministère, rien n’est moins évidents que la façon de procéder pour exiger la mise en application de ces recommandations.
» Menm jan nou te paran an pa te dwe nan achte pil rad byen chè pou 4 jou egzamen ofisyèl yo alòske yo konn poko menm ka peye lekòl. … » a laissé comprendre le chef du MENFP qui se vante d’avoir exigé que les élèves soient présentées-es dans les centres d’examens en uniforme. Selon M. Nesmy Manigat, adopter le livre unique est un véritable outil de lutter contre la question d’une école à plusieurs niveaux. Dans ce manuel, nous retrouverons les matières de base en créole. Les parents n’auront pas à trop dépenser pour acheter des livres, comme ça a toujours été le cas. À partir de l’année scolaire 2022-2023, ce sera une question de « all in one ». Et la langue créole retrouvera sa place comme c’est prévu par la réforme Bernard. Pour le cours de français, les enseignants viseront à développer la compétence orale des élèves à ce niveau. C’est des choses apparemment simples qui se révèlent subtilement très compliquées dans la pratique.
La disponibilité des manuels, leur qualité, les compétences des enseignants,l’adaptation des établissements, et surtout le problème de diglossie qui est un élément très fort dans la société haïtienne peuvent constituer des obstacles majeurs auxquels le personnel éducatif va devoir faire face dès la prochaine années scolaire. Les MENFP sera-t-il en mesure de déployer sa cellule d’inspectorat pour veiller à l’application pure et simple de ses exigences ? Personne ne peut être trop sûr, vu les dérives qu’on a souvent constatées lorsqu’il s’agit du rôle de l’État haïtien dans la gestion de ce secteur. Toutefois, il est important de laisser agir le temps et accorder le bénéfice du doute aux initiateurs. Mais, les avant-gardistes doivent forcément commencer à se mettre en garde contre tout acte pouvant contribuer à réduire un peu plus le niveau de l’enseignement dans ce pays où il nous reste pas mal de choses à rattraper.
